2020
Le processus dans mon travail est toujours le même : puiser un motif dans l’infinité des motifs offerts par la nature, l’observer, le dessiner, l’interpréter, le répéter. Et habiter, ou envahir, un espace avec.
Dans une sobriété de moyens.
J’utilise des feutres noirs à mines très fines, des petits carnets de papier recyclé, des épingles entomologiques. Et selon les projets, des chutes de lin ou de coton, ou des carrés de bois, du grès, de la craie ou du fusain, un peu de peinture et un pinceau. Le tout peut tenir dans des petits sacs. Sans dispositif complexe.
Être mobile et légère, pour aller là.
Dans un monde où priment souvent le spectaculaire, la rentabilité, la multitude d’écrans, la vitesse ; faire avec ses mains et résister dans la délicatesse. Avec persévérance. Accumuler des petites choses inutiles. Et retrouver de la lenteur.
Répéter avec obsession le même motif, avoir l’impression de n’avoir jamais terminé à force de refaire sans cesse la même forme, s’offrir un peu d’éternité dans ce geste. Quelque chose de l’ordre de la méditation. Mais aussi quelque chose de consciencieusement pénible.
Mon travail, c’est ce truc de n’être pas grand-chose dans l’univers infini, mais d’être là. De faire. Trouver une place mesurée. Porter attention aux petites choses. Ne pas abîmer.
Choisir des motifs issus de la nature. Être fascinée par la résonnance entre eux. Les méandres des rivières comme des vaisseaux sanguins comme des branchages comme des racines. Des plumes comme des écailles comme des dunes. Des petits boudins comme des cactus comme des cacahuètes comme des cornichons comme des graines comme des vers. La structure des molécules comme des constellations comme des cellules. Du bois noueux comme des muscles comme des intestins.
Faire partie de cette nature, être là.
Ma série « Tentatives de cactus », parle de la nature, de la place qu’on y a, de la trace qu’on y laisse, de répétition, de lenteur et de persévérance, et de mémoire.
Vues de l’exposition « Tentatives de cactus », dans le cadre du dispositif De Visu, de la DRAC Normandie, Galerie de l’Institut Saint Pierre à Caen :
Vues de mon atelier, Parcours d’artistes des Andelys #4 :
Nouvelle série en cours, Lambeaux
extraits de drapés (El Greco : Sainte Marie-Madeleine pénitente, La vision de Saint Jean, L’assomption de la Vierge, Saint Martin et le pauvre / Lorenzo Di Credi : étude d’un drapé / Jules Cavalier: Pénélope / Leonard De Vinci : étude de drapé pour le bras droit de la vierge, La dame à l’hermine)
encre / aquarelle sur papier recyclé, 14,8 x 9,5 cm chaque / grès cru 6 cm environ chaque :