2024

Le processus dans mon travail est toujours le même : puiser un motif dans l’infinité des motifs offerts par la nature et dans l’histoire des arts, l’observer, le dessiner, l’interpréter, en extraire des fragments, les répéter. Et habiter, ou envahir, un espace avec.

Dans une sobriété de moyens. Sans dispositif complexe.

Dans un monde où priment souvent le spectaculaire, la rentabilité, la multitude d’écrans, la vitesse ; faire avec ses mains et résister dans la délicatesse. Avec persévérance. Accumuler des petites choses inutiles. Et retrouver de la lenteur.

Répéter avec obsession le même motif, avoir l’impression de n’avoir jamais terminé à force de refaire sans cesse la même forme, s’offrir un peu d’éternité dans ce geste. Quelque chose de l’ordre de la méditation. Mais aussi quelque chose de consciencieusement pénible.

Mon travail, c’est ce truc de n’être pas grand-chose dans l’univers infini, mais d’être là. De faire. Trouver une place mesurée. Porter attention aux petites choses. Ne pas abîmer.

Choisir des motifs issus de la nature ou des matériaux qui en proviennent. Être fascinée par la résonnance entre eux. Les méandres des rivières comme des vaisseaux sanguins comme des branchages comme des racines. Des plumes comme des écailles comme des dunes. Des tissages comme des plumages. Des petits boudins comme des cactus comme des cacahuètes comme des cornichons comme des graines comme des vers. La structure des molécules comme des constellations comme des cellules. Du bois noueux comme des muscles comme des intestins. Des plis, comme des pétales, comme des coquilles. Faire partie de cette nature, être là.

Dans la série « Florilège, extraits de peintures de fleurs », je dessine des fragments de fleurs à partir de l’observation de planches de botaniques et de peintures dans l’histoire des arts (Johann Walter, peintre strasbourgeois du 17ème siècle dont l’ensemble des gouaches « le Florilège de Nassau-Idstein » a été le point de départ de ma série à laquelle j’emprunte le nom, Barbara Regina Dietzsch, Rachel Ruysch, Ana Maria Sibylla Merian, Jean-Baptiste Oudry, Pierre-Joseph Redouté, Georgia O’Keefe…).

Je travaille mes motifs au crayon de couleur et graphite sur des papiers récupérés, donnés, et je prends soin de puiser, mais pas uniquement, dans le travail d’artistes femmes qui ont été invisibilisées au cours de l’histoire.

Et à partir de mes dessins, je modèle en grès blanc et en porcelaine de petites pièces que j’installe directement clouées au mur.

Le nom de chaque artiste est cité dans le titre de mes dessins.

Florilège, extraits de peintures de fleurs (2023-2024), crayons de couleur et graphites sur papiers donnés, 50x40cm, 18x13m, grès, porcelaine dimensions variables, vues d’expositions et d’atelier (De Visu#7 Ésam de Caen, Edicola 51 Turin, De Visu collèges du Tréport, de Londinières et de Blangy-sur-Bresle, Parcours d’artistes des Andelys, Place aux femmes Médiathèque de Gaillon, Retrouvailles, lavoir de Gaillon) :